A méditer...

"Mon plus beau but? C'était une passe."

Eric Cantona, dans le film Looking for Eric de Ken Loach, 2009

Textes et citations


Le passing game

« Mon plus beau but ? C’était une passe. » Eric Cantona in Looking for Eric de Ken Loach, 2009.





Le football, c'est...

« un sport qui n’exigeait pas d’argent, et qu’on pouvait pratiquer sans autre moyen que l’envie de jouer. » Eduardo Galeano, Le Football. Ombre et lumière.

« un sport du peuple, par le peuple et pour le peuple » Jean-Claude Michéa, Le plus beau but était une passe. Ecrits sur le football, Climats, éd. Flammarion, 2014, p. 109.

«  le royaume de la loyauté populaire exercée au grand air » Antonio Gramsci

« une source privilégiée de la créativité populaire. » Jean-Claude Michéa, op.cit., p. 110.

« je pense que ce sport est quelque chose de plus que la simple victoire » Johan Cruyff, Aftombladet, avril 2010.

"Qu’est ce qu’on connait du foot ? La ligue des champions ? le montant des transferts ? les tribunes qui sifflent ? la violence ? le business ?  Vous avez raison c’est ça aussi le foot. Mais moi je vais vous parlez d’autre chose. Je vais vous parlez des vraies valeurs, des hommes, je vais vous parler de mon football. Celui que j’ai joué, celui que j’aime : solidarité, fraternité, liberté. Je vais vous parler de mon football et pourquoi dans ce monde, on en a besoin plus que jamais. Parce que vous voyez encore aujourd’hui, ce monde, on peut le changer." Eric Cantona, Les rebelles du foot

Le beau jeu

« Le « beau jeu », offensif et spectaculaire (celui que pratique aujourd’hui encore le Barça, dont le temple – le célèbre Camp Nou – a longtemps été l’un des bastions de l’opposition populaire au franquisme), est, en effet, celui dans lequel l’équipe fonctionne comme un collectif solidaire, dans lequel chacun prend plaisir à jouer en fonction des autres et pour les autres. Concrètement, cela signifie que, dans un match, le joueur qui reçoit le ballon ne doit jamais, en théorie, se retrouver livré à lui-même (contraint, dès lors, de se débarrasser de la balle ou de mettre son équipe en danger en prenant un risque inutile). Il doit toujours, au contraire, voir se dessiner autour de lui un champ de passes virtuelles (et qui, dans l’idéal, permettent d’orienter le jeu vers l’avant, puisque le premier but de ce sport est de marquer des buts à l’adversaire). Champ de passes virtuelles (ou de « solutions ») que doit créer en permanence le mouvement collectif de ses partenaires. Naturellement, comme chaque mouvement du joueur qui avance avec le ballon modifie aussitôt l’équilibre général de l’équipe et sa disposition dans l’espace, il est simultanément indispensable que tous les membres du collectif (y compris, par conséquent, les défenseurs, dont le rôle ne doit pas être d’attendre passivement dans leur camp les attaques de l’équipe adverse, mais – en s’appuyant sur la règle du « hors-jeu » - de jouer le plus haut possible afin  de pouvoir participer eux aussi à la construction du jeu offensif) adaptent sans cesse leur propre positionnement à ces modifications perpétuelles. Ils ont donc pour mission permanente de « suivre l’action » en cherchant à tout moment à occuper les espaces libérés par le mouvement des partenaires et à proposer le plus de solutions possible au porteur du ballon, tout en veillant à chaque instant à anticiper l’éventuelle perte de balle ou les mouvements symétriques de l’équipe adverse. De là cette impression de tourbillon incessant et féerique que donne toujours une équipe portée vers l’offensive et le spectacle et qui maîtrise le mouvement collectif et le jeu de passes correspondant. Soulignons, au passage, que dans cette logique du mouvement perpétuel la question de la disposition concrète des trois grandes lignes de joueurs (cette division du travail – déjà connue dans le calcio florentin – entre les attaquants, les défenseurs et les milieux de terrain) devient en partie secondaire, puisque, dans un jeu qui privilégie l’animation offensive et le mouvement collectif continuel, chaque joueur est attaquant lorsque l’équipe est en possession du ballon et défenseur lorsque le ballon est perdu (on appelle alors pressing cette transformation immédiate de toute l’équipe attaquante en défenseur collectif visant à bloquer dès le départ le déploiement des contres du camp adverse). » JC Michéa, Le plus beau but était une passe. Ecrits sur le football, Climats, 2014, p.64-65.


« Refuser le jeu, c’est bannir l’intelligence, rejeter la joie, nier l’art, mépriser l’homme ». François Thébaud, Le temps du miroir : une autre idée du football et du journalisme, Albatros, 1982 (p : 82).


« L'enjeu du football dépasse de beaucoup le simple cadre de l'agrément et du passe-temps. Ce que Bill Shankly, mythique manager du Liverpool des années 60, a un jour définitivement résumé en déclarant : « À la façon dont certaines personnes parlent du football, vous pouvez penser que le résultat d'un match est une question de vie ou de mort. Ils se trompent : c'est bien plus que ça. »
Pourtant, c'est principalement en raison de sa nature ludique que le sport constitue une incomparable matrice philosophique. En tant que jeu, le sport en général, et le football en particulier, offrent à la pensée un domaine de réalité très ambivalent dont les contours flous perturbent nos classifications conceptuelles implicites et nous poussent à nous interroger. Dans Les Jeux et les Hommes, Roger Caillois dénombrait six caractéristiques nécessaires à la définition du jeu. C'est une activité libre (c'est-à-dire non contrainte), séparée du reste de la vie courante et circonscrite dans l'espace et dans le temps. Son issue s'avère nécessairement incertaine. Elle reste en elle-même improductive car elle n'a pas vocation à créer une quelconque valeur économique. Enfin, elle est à la fois réglée (soumise à des règles ou à des lois particulières) et fictive (au sens où l'on dit « ce n'est qu'un jeu »). Or, comme tout jeu, le football combine ces attributs de manière plus ou moins contradictoire.
Jugez-en plutôt.
- Le football n'est qu'un divertissement ; il arrive cependant que des téléviseurs passent par les fenêtres les soirs de défaite ou que, bien pire, des supporters se tuent de frustration.
- Le football œuvre souvent au rapprochement des peuples et autorise des moments de fraternisation ­pensons à la rencontre États-Unis-Iran en 1998 -, mais il se trouve aussi à l'origine de conflits comme dans le cas du déclenchement d'une guerre entre le Honduras et le Salvador en juillet 1969.
- C'est, au départ, une activité gratuite - désintéressée
- dont l'économie pèse désormais plusieurs milliards d'euros.
- Il exacerbe autant les passions qu'il stimule l'analyse et l'usage de la raison.
- Il valorise le corps mais se joue d'abord « dans la tête ».
- Le football constitue, dit-on, la seule langue véritablement universelle, chaque pays en décline pourtant une version différente.
- Comme toute pratique codifiée, l'instauration de règles contraignantes vise en réalité à favoriser la liberté et l'invention perpétuelles.
- Il peut donner lieu aux pires tricheries comme aux plus belles démonstrations d'esprit chevaleresque, à l'image de Maradona qui, durant le match contre l'Angleterre de la Coupe du monde 1986, a d'abord volontairement marqué de la main avant d'inscrire quelques minutes plus tard l'un des buts les plus somptueux de l'histoire au terme d'un passage en revue de toute l'équipe adverse.
- Le déroulement d'un match allie la coopération à la compétition entre les hommes.
- Le football rend beau le laid comme hier le légendaire Garrincha, à l'aspect malingre et aux jambes arquées ou le Ribéry scarifié d'aujourd'hui.
- Ses détracteurs y voient un facteur d'aliénation et d'abrutissement des masses. Mais, si la marchandisation des loisirs en a fait l'une de ses cibles privilégiées, le stade représente encore un espace de résistance et de manifestation populaires contre l'emprise des logiques libérales sur le sport ...
Le football offre donc l'insigne possibilité pour la pensée d'entrer dans un territoire équivoque au sein duquel les frontières de nos distinctions usuelles vacillent et où les différences conventionnelles perdent le caractère d'évidence dû à leur usage quotidien. Parce qu'il suspend le cours de ce qui va ordinairement de soi et brouille les repères établis, le jeu invite à la philosophie. »
Mathias Roux, Socrate en crampons. Une introduction sportive à la philosophie.




L’histoire du football


« L’histoire du football est un voyage triste, du plaisir au devoir. A mesure que le sport s’est transformé en industrie, il a banni la beauté qui nait de la joie de jouer pour jouer. En ce monde de fin de siècle, le football professionnel condamne ce qui est inutile, et est inutile ce qui n’est pas rentable. Il ne permet à personne cette folie qui pousse l’homme à redevenir enfant un instant, en jouant comme un enfant joue avec un ballon de baudruche et comme un chat avec une pelote de laine. » Eduardo Galeano, Le Football. Ombre et lumière

« Le beau jeu est une utopie » Aimé Jacquet


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire